Haute cour de justice : Accusée « de détournement de deniers publics », Ndèye Saly Diop Dieng réfute et pointe « une affaire politique »

Lundi 19 Mai 2025

L’ancienne ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’enfance fait face ce jour à la Commission d’instruction de la Haute cour de justice. Accusée d’avoir détourné 57 millions de francs CFA dans la gestion des fonds Covid-19, Ndèye Saly Diop Dieng dénonce « un dossier de vérification strictement comptable devenu à tort une affaire politique ».

L'ancienne ministre Ndèye Saly Diop Dieng lors d'une séance à l'assemblée nationale

La ronde des instructions de quatre anciens ministres de la République débute ce 19 mai 2025 devant la Haute cour de justice (HCJ) avec le dossier de gestion des fonds Covid-19. Ils devront répondre aux questions des juges de l’institution concernant diverses accusations qui tournent autour de la corruption et du détournement de deniers publics dans l’exercice de leurs fonctions. Ndèye Saly Diop Dieng, ancienne ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l'enfance, ouvrira le bal en « sa qualité d’ordonnateur des crédits (…) afin d’apporter la lumière sur les présomptions graves de complicité de détournement de deniers publics d’un montant de 57 062 000 FCFA qui pèsent sur sa personne. » 

Son département avait reçu une enveloppe de 150 millions de francs CFA dans le cadre de l’élan de solidarité nationale face à la pandémie Covid-19. Selon la Cour des comptes, le ministère a produit les mêmes justificatifs de dépenses d’une somme de 36 millions 147 mille cinq cents francs CFA des fonds Covid que ceux précédemment établis dans des opérations classique appelées « aide et secours », 

 

Sur la base des documents obtenus du ministère de la Justice, la résolution de mise en accusation de l’ancienne ministre de la Femme a relevé que « des aides et secours avaient été versés à des personnes ayant les mêmes prénoms et noms de famille avec des numéros de carte nationale d’identité similaires et parfois les mêmes adresses pour des montants différents, arrêtés à la somme de 52 223 000 FCFA. » 

 

D’après les confidences du Directeur de l’administration générale et de l’équipement (DAGE) du même ministère à la police, « certains de ces supposés bénéficiaires étaient en réalité des fournisseurs. Il a mentionné qu’une partie de ce montant avait servi au paiement de ces derniers et qu’une autre partie, s’élevant à la somme de 22 367 300 FCFA, avait été distribuée à titre d’appui financier au profit des agents du département sur décision de ‘’l’Autorité’’. Il avait toutefois reconnu que ces derniers étaient initialement prévus pour la prise en charge des opérations de retrait des enfants de la rue », rapporte la résolution de mise en accusation de l’ancienne cheffe du département de la Femme. 

 

Selon l’accusation, le DAGE a avoué à la Division des investigations criminelles (DIC) avoir agi « sur instruction de son ancien Ministre de tutelle, en l’occurrence Madame Salimata DIOP, pour effectuer ces décaissements frauduleux. » Entendu également dams le cadre des enquêtes, « un employé de commerce (…) a souligné avoir vendu au ministère deux climatiseurs. L’enquête a révélé que ces appareils avaient été livrés au domicile du Ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants », souligne la même source. 

 

La résolution de mise en accusation a été adoptée par l’assemblée nationale le 8 mai 2025, de même que celles concernant les quatre autres ministres objet de poursuites pénales.

 

« Les faits sont indiscutables »

 

Devant l’assemblée nationale, Ndèye Saly Diop Dieng a dénoncé des « accusations fallacieuses de complicité de détournement de deniers publics » et fustigé « un dossier de vérification strictement comptable devenu à tort une affaire politique », rapporte le site jotaay.net. 

 

« Les chiffres en cause, 57 millions de francs CFA et après rectification des erreurs de calcul, élimination des doublons, s’élèvent en réalité à 44,8 millions de francs CFA », assure-t-elle. 

 

Réfutant toute complicité de sa part et niant avoir été un « témoin passif » des événements, Ndèye Saly Diop Dieng s’est fendu d’une courte réthorique pour se blanchir. 

 

« Ma vie est un livre ouvert, mon patrimoine connu, mon engagement constant. Les faits sont indiscutables », a-t-elle clamé face à ses anciens collègues députés. Son immunité parlementaire avait été levée le 2 mai 2025.

 

En décembre 2022, la Cour des comptes avait rendu public un rapport accablant autour des 740 milliards de francs CFA mobilises par l’Etat du Sénégalais avec le soutien populaire et des bailleurs et partenaires internationaux pour riposter au Covid-19. Le document fait état de dépenses sans lien avec le Covid-19, de surfacturations et de dépenses non justifiées d’un montant d’environ 20 milliards de francs CFA. 
 

Au terme de l’article 101 alinéa 2 de la Constitution rappelée par la Commission des Lois de l’assemblée nationale lors de la procédure de mise en accusation, Selon l’article 101, alinéa 2, de la Constitution, « le Premier ministre et les autres membres du Gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont été commis. Ils sont jugés par la Haute Cour de Justice. ».

​Outre Ndèye Saly Diop Dieng, quatre autre ministres ont reçu des mandats de comparution devant la commission d'instruction de la Haute cour de justice. Il s'agit de Moustapha Diop (Industries, Petites et moyennes industries), Mansour Faye (Développement communautaire et Equité territoriale), Aïssatou Sophie Gladima (Pétrole et Energies). 

Sur un autre dossier, le professeur Ismaïla Madior Fall, ex ministre de la Justice et Garde des Sceaux a été mise en accusation pour corruption présumée. Il fera face a la commission d'instruction de la HCJ le mardi 20 mai 2025. L'affaire concerne le projet de construction du Palais de justice de Pikine-Guédiawaye dans lequel un chef d'entreprise et l'ancien directeur des constructions au ministère de la Justice ont déjà été arrêtés par la police judiciaire.  

 

 

Nombre de lectures : 261 fois